200 km à pied vers Santiago de Compostela

Et voici, comme promis,  le récit de Sœur Grazia Anna

                Pèlerinage à Compostelle               

Un pèlerinage est un temps fort où tu retrouves l’essentiel de ta vie… c’est un temps où, en marchant, tu fais l’expérience de la difficulté du chemin et en même temps de la confiance en Dieu qui « fait route » avec toi. Et tu découvres que, en fait, Lui, il est l’unique nécessaire.

Pourquoi ais-je décidé d’aller en pèlerinage à St Jacques de Compostelle au début de cette année ?

En fait, cette année devait être un temps important pour moi car m’était offerte la possibilité d’une formation de 4 mois en tout, en Italie d’abord et ensuite en France. Pendant cette période de formation que nous, Sœurs Missionnaires de la Société de Marie, faisons normalement après une dizaine d’années d’engagement par des vœux dans la Congrégation, nous devions approfondir notre appel à être Missionnaires et Religieuses à la manière de la Vierge Marie.

Je devait commencer donc cette formation au début du mois de mars et je sentais qu’il fallait préparer ce temps…J’ai alors pensé de le faire en partant pour Compostelle et en faisant 200 km à pied.

Départ : Villafranca del Bierzo, 200Km avant Santiago.

Ce pèlerinage était pour moi l’occasion de revoir ma vie, de rencontrer le Seigneur dans la faiblesse de mon humanité (ampoules aux pieds, douleurs aux jambes…), dans la profondeur des joies ordinaires (regarder un beau paysage sur la route, apprécier du thé chaud qu’une dame t’offre gentiment) , dans la beauté des rencontres avec les autres. Dans mon cœur, je sentais que le Seigneur m’attendait sur la route de Compostelle, pour me dire quoi ? Je ne savais pas, mais j’étais sûre qu’Il aurait été là.

Me voilà partie, donc, et en chemin avec une autre sœur… C’était en hiver… il faisait très froid et les auberges n’étaient pas toutes ouvertes. Cela nous a créé quelques problèmes dès le deuxième jour de marche car nous avons dû marcher 34 Km avant de trouver un lieu où reposer la nuit.

Comme dans tout chemin les difficultés ne manquent pas, mais nous avions décidé d’accueillir tout ce que cette expérience nous aurait réservé.

Les chemins vers St Jacques de Compostelle sillonnent toute l'Europe.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Stjacquescompostelle.png

En chemin nous avons fait des rencontres… un couple de français qui marchaient comme nous, mais pour d’autres raisons … la dame voulait comprendre si elle était prête à avoir un enfant… et voilà que, le long du chemin ils ont vu beaucoup de cigognes… étrange car nous aussi nous avions fait le même chemin… et les cigognes ?… pas vues ! C’est merveilleux de voir comment Dieu parle à chacun selon sa situation de vie.

Mon expérience a été surtout un apprentissage à l’abandon dans les mains de Dieu.

Mon mollet droit, depuis le deuxième jour de marche (les fameux 34 km), a commencé à s’enfler… j’avais très mal et j’ai trainé ma jambe pendant le reste de la semaine de pèlerinage… un soir j’avais tellement mal malgré les médicaments pris, que j’ai dit au Seigneur : « Tu sais dans quel état est mon mollet… je ne sais absolument pas si demain j’arriverai à marcher… mais ma jambe t’appartient, comme ma vie entière et je me remets encore entre tes mains. » Je me suis endormie sur ces mots… le lendemain j’ai commencé à marcher… et j’avais mal, mais je n’ai pas eu besoin de médicaments… et le comprimé qui me restait je l’ai offert à une fille qui, elle aussi, avait le même problème.

J’ai réappris, pendant le chemin, que le Seigneur est proche de ceux qui l’invoquent… avec confiance et en vérité.

Monte di Gozo (de son sommet on aperçoit pour la première fois la basilique)

   

La basilique                              Le chœur

Que vais-je faire de cette expérience sur le chemin de Santiago de Compostelle ? Ce temps de ma vie reste imprimé dans ma tête et dans mon cœur… le Seigneur m’a invitée à lui faire confiance, à remettre ma vie entre ses mains, complètement. Et je sais qu’Il est un « lieu » sûr.

Depuis Compostelle et la fin de ma formation en Italie et en France des choses ont changées dans ma vie. Mes projets ont été chamboulés… je pensais rester en Océanie pour d’autres années… et bien Il semble que le Seigneur veuille autre chose : mes supérieures m’ont demandé de prendre la responsabilité des sœurs de la Province d’Italie-Rwanda, donc des communautés qui sont en Italie, au Rwanda et au Burundi…  La charge est lourde… mais je sais que le Seigneur sera là avec moi…

Le chemin de Santiago m’a appris à faire confiance malgré les difficultés… la leçon apprise rentre aujourd’hui dans ma chair… j’ai accepté cette responsabilité parce que c’est le Seigneur qui me le demande et je sais qu’Il désire mon bien.

Essayer pour croire !!!!!... et Croire pour essayer !

Bon chemin à vous aussi !

S. Grazia Anna Morelli

Sœur Missionnaire de la Société de Marie

(SMSM)